Le vénérable Paul-Émile Lapointe, 86 ans, chef de l’Union d’extrême-centre et Premier ministre provincial depuis une vingtaine d’années, survit à une rupture d’anévrisme. Ce qui place les mandarins peu scrupuleux qui le maintiennent au pouvoir comme une marionnette devant le problème suivant : dès que le vieux Premier ministre sera en état de reprendre ses fonctions, on ne pourra plus décemment reporter l’élection complémentaire que l’opposition réclame à grands cris et que l’Union d’Extrême-centre est certaine de perdre. Que faire? Robert Sirois (Jacques Godin), conseiller spécial du Premier ministre et très cynique éminence grise du gouvernement, propose de confondre l’électorat en présentant un candidat du même nom que celui du parti d’opposition, Alain Gagnon. Et il en trouve un, Alain Gagnon (Michel Côté). Un brave type, mais qui n’a visiblement aucune des capacités requises pour faire de la politique et qui n’acceptera de répondre à cet « appel de la nation » que par peur de perdre sa femme, Johanne (Maude Guérin) infiniment plus ambitieuse que lui et qui, manifestement, porte les culottes dans leur couple. Peu importe, pour Sirois, l’idée est de limiter les dégâts, pas d’encombrer les bancs de l’assemblée avec un autre crétin. Sauf qu’Alain Gagnon l’emporte de justesse devant son homonyme. Et dès lors, ce qui n’était pour Robert Sirois qu’une bonne blague électorale deviendra un véritable phénomène politique : Gagnon, bien malgré lui et à la faveur d’une mauvaise interprétation de ses gaffes de la part des médias, grimpera les échelons à une vitesse époustouflante, surfant de crise en crise pour passer de député à ministre, puis de ministre à Premier ministre. SI LA TENDANCE SE MAINTIENT… d’une ironie féroce, est une minisérie qui remet l’humour politique à l’honneur. Mais tout en posant – au-delà de sa dimension comique – une question infiniment sérieuse : les gens qui nous gouvernent sont-ils compétents? |