Fantasia Poster 2025

Noise : Prière de ne pas déranger

Avec un titre comme Noise, il n’est pas surprenant que le son soit un élément central au film, ce qui est surprenant c’est l’habileté avec laquelle il est utilisé pour créer une atmosphère déroutante.  Ce très bon film d’horreur coréen exploite le son d’une manière intéressante en choisissant comme protagoniste, Ju-Young (LEE Sun-bin), une femme malentendante, qui est à la recherche de sa sœur disparue. Cela permet d’alterner entre des moments bruyants et d’autres où le public est placé dans la perspective de cette femme qui vit dans un monde où tous les bruits sont étouffés. Le film ne se déroule pas uniquement dans cette perspective, la protagoniste ayant accès à des appareils auditifs, mais il est surprenant de réaliser que ces scènes où le son est étouffé amène presque plus à être sur le qui-vive.

À la réalisation, le jeune sud-coréen KIM Soo-jin en est à son premier long-métrage, après avoir auparavant présenté un court-métrage dans la section La Cinéfondation de la 66e édition du célèbre Festival de Cannes. Ce dernier démontre rapidement son flair pour le cinéma d’horreur, notamment dans sa manière d’exploiter le lieu du tournage, un énorme immeuble à appartement, une décision qui devrait rejoindre le public sud-coréen sachant que 78% de la population de ce pays habite dans ce type de résidence. Le réalisateur filme cette énorme bâtisse de manière à la rendre particulièrement imposante et hostile. Il y a un élément inquiétant à savoir que cet immeuble devient quasi-silencieux une fois le soir tombé même s’il est habité par probablement des milliers de personnes. Quand le bâtiment est filmé de l’extérieur, le calme qui y règne donne le sentiment que ce lieu est quasi vide et inhabité malgré sa grandeur. Un sentiment de calme que le réalisateur exploite à plusieurs reprises dans des scènes où Ju-Young va tenter d’observer l’extérieur en entre-ouvrant la porte de son logement. À ces moments, la tension se fait également sentir d’un point de vue visuel étant donné que le public est limité au même champ de vision que la protagoniste, ne pouvant savoir ce qui grouille à l’extérieur de ce dernier. À cet égard, LEE Sun-bin est particulièrement solide dans le rôle principal, elle communique avec grande habileté au public énormément d’émotions avec son regard, ce qui contribue à créer une atmosphère tendue du début à la fin.

Pour les autres résidents de l’immeuble, ils ne sont pas particulièrement rassurants ou compréhensifs pour autant. Un d’entre eux se plaint constamment du bruit en déposant des messages de plus en plus menaçants à la porte de l’appartement occupé par Ju-Young durant son enquête pour retrouver sa petite sœur disparue Ju-hee (HAN Su-a). Ces messages hostiles, dénonçant des bruits dont la provenance est mystérieuse, vont certainement rappeler à plusieurs ceux reçus par le protagoniste dans Beau is Afraid de Ari Aster. Concernant ces sons, le travail exceptionnel de PARK Yong-ki à la conception sonore mérite d’être souligné. Cet artisan propose une variété de sons différents et immersifs allant de bruits de membres qui craquent à des sons assourdissants, ces sons variés ont tous un point en commun, ils glacent le sang.

Là où Noise n’est pas entièrement satisfaisant c’est dans son scénario et le développement de ses personnages. Quelques retours dans le passé permettent d’en apprendre plus sur le passé de Ju-Young (LEE Sun-bin) et sa relation avec sa famille, mais ces scènes ne sont pas suffisamment élaborées pour contribuer à créer un attachement entre le public et la protagoniste. Il n’est pas mauvais que le rythme du film soit lent, mais il aurait été pertinent d’en profiter pour développer certaines pistes et ajouter de la consistance à l’intrigue. Plusieurs éléments, déjà présents au scénario, semblent sous-exploités, parmi eux, les interactions avec la police, la relation avec Ki-hoon (KIM Min-seok) le petit copain de la disparue ou celle avec la femme responsable du comité de femmes de l’immeuble (BACK Joo-hee). Pour le dénouement du film, il amène à une certaine explication des phénomène paranormaux ayant lieu dans l’immeuble, mais cette justification n’est pas entièrement satisfaisante. Il n’est pas attendu que tout soit clairement expliqué et tout ne devrait pas nécessairement l’être non plus pour garder un effet effrayant au-delà du visionnement, mais dans le cas présent, la conclusion ne semble pas entièrement cohérente.

Malgré ce dernier bémol, Noise est loin d’être un visionnement désagréable, ce film est particulièrement effrayant et garde en haleine pour une grosse partie de sa durée. Il représentent une solide entrée en la matière pour le réalisateur KIM Soo-jin et il mérite d’être vu avec un système de son le plus immersif possible.

7/10

 

Noise a été présenté en première nord-américaine à la 29e édition du festival Fantasia, en présence du réalisateur KIM Soo-jin, le jeudi 17 juillet 2025.

 

Pays: Corée du Sud
Année:  2024
Durée: 93 minutes
Genre: Horreur
Audio: Coréen
Sous-titres: Anglais
Réalisateur: KIM Soo-jin
Producteur exécutif: SUH Young-joo
Scénario:  LEE Je-hui et KIM Yong-hwan
Interprètes: LEE Sun-bin, KIM Min-seok et RYU Kyung-soo
Site officiel: http://finecut.co.kr/html/fulltitle-view.php?no=312


KIM Soo-jin (réalisateur de Noise)

 

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